Une église en fête, la première église du couvent de la Visitation
Rien de plus propre et de plus modeste que la Sacristie qui occupe tout le derrière de l’autel ; elle prend un jour assez élevé et considérable, à l’extrémité d’un jubé agréable qui découvre toute l’Eglise par-dessus les portiques, et qui pour ne la découvrir qu’à moitié en long, lui laisse encore prendre bonne part à deux grands jours pareils à ceux de la nef dont il est éclairé.
Voilà en gros la forme de cette belle Eglise qui reçoit beaucoup d’agrément d’une couleur de chair dont toutes les corniches, tant du dôme que de la nef, les pilastres, chapiteaux, frises et architraves ainsi que le tour de la grande porte de l’Eglise, des fenêtres, des deux grilles, des arcades et cadres des tableaux du dôme avec arrachemens sont agréablement revêtus ; le reste étant très bien blanchi, tant il est vrai que tout y attire les yeux et l’admiration d’un chacun. Venons maintenant à la décoration.
Cette Eglise, que de sa nature était si richement embellie, ne demandait rien ce semble, qui put la rendre plus magnifique pour la canonisation de Saint François de Sales ; le grand zèle néanmoins, qui ne peut souffrir de bornes, la fit encore enrichir et parer de tout ce qui se pouvait souhaiter, en sorte qu’on ne peut en décrire que le plus apparent. Au dessus de la porte qui donne sur la rue, et qui était toute tapissée de part et d’autre, étaient attachées les armes du Roi, au pied d’une petite Croix qui y domine et plus bas, au dessous de la corniche, étaient celles de la maison, entourées de guirlandes, de feuilles et de fleurs renouées de rubans, entre lesquelles était un tableau du Saint à demi corps, tout environné de feuilles. Entrant en la Cour, qui était toute couverte de tapisserie et ornée de très nombreux tableaux, se voyait au dessus de l’œil de bœuf du portail un tableau du Saint gardé de ses armes, et un peu à côté des deux fenêtres, étaient celles des Papes Alexandre VII et Clément X, au milieu desquelles était une Visitation de grandeur plus que médiocre, et qui resta derrière la Croix, au bas de laquelle était un tableau de Saint François de Sales, orné de feuilles et de rubans et appuyé des armes de Monseigneur d’Aubusson de la Feuillade, archevêque d’Embrun, notre illustre Prélat.