Restauration du Monastère (1817)
Mort de notre Sœur Marie Clémence Lécaillette
Cependant la mort n’avait pas fini ses ravages : la nuit du dimanche au lundi une vieille fille, retirée depuis plusieurs années dans notre maison, succomba après de vives douleurs prolongées plus que celles de nos Sœurs qui l’avaient précédée. Peu d’heures après mourut notre chère Sœur Marie Clémence Lécaillette que nous avions cru sauvée. Elle avait au premier abord beaucoup redouté le choléra ; nonobstant ses craintes, dès qu’elle connut nos premiers sacrifices, elle fit généreusement et de bon cœur l’offrande de sa vie, et elle fut agréée. Le jeudi 5 juillet, elle sentit les premières atteintes de sa maladie ; mais elle ne fut pas d’abord attaquée violemment, et éprouva ensuite un mieux être qui la remplit d’espérance aussi bien que nous. Il n’entrait pas dans les desseins du Seigneur de nous la laisser ; elle était mure pour le ciel, et une légère imprudence lui attira cette terrible maladie dans toute sa force.
Dès lors elle se disposa au grand voyage de l’éternité. « Dieu me veut », disait-elle souvent. Puis s’adressant à Notre Seigneur, elle répétait fréquemment : « Fiat, mon bon Jésus ». C’était tout ce que lui permettait la violence de ses douleurs. Une de nos Sœurs, qui l’assistait, l’engagea à renouveler intérieurement le sacrifice de sa vie, lui suggérant quelques paroles à cet effet. Notre généreuse mourante fit un violent effort pour articuler les mêmes expressions ; la manière touchante avec laquelle elle s’exprimait montrait l’entière soumission de son âme à Dieu.
Notre chère Sœur se confessa, reçut l’Extrême Onction, et fit tout ce qui nous est prescrit dans ces derniers moments. Elle avait un air de paix et un doux sourire qui faisaient une heureuse impression sur toutes celles qui l’approchaient. Elle renouvelait souvent ses actes d’abandon ; enfin elle entra, vers onze heures du soir, dans une douce agonie, et quitta cet exil vers deux heures du matin, le 9 juillet 1832 ; elle était âgée de 37 ans dont 8 de profession, au rang des Sœurs choristes.