Restauration du Monastère (1817)
Mort de notre Sœur Thérèse Augustine Lejaille (suite)
Comme nous cherchions à la distraire de cette pensée, elle ajouta : « Depuis longtemps j’ai fait à Dieu le sacrifice de ma vie, et ce sera le choléra qui la terminera. » Sa nuit fut très mauvaise, et, quoiqu’elle pût à peine se soutenir et se traîner, elle ne laissa pas de se lever le matin, et ne se recoucha qu’après avoir tout préparé pour la Messe de Communauté. A peine fut-elle au lit qu’on reconnut qu’elle était prise par le choléra. Vers onze heures, on lui proposa de se confesser et de recevoir l’Extrême Onction ; elle y acquiesça de bon cœur, et renouvela le sacrifice de sa vie, s’abandonnant à la volonté de Dieu à laquelle elle se tint constamment unie ; vers une heure et demie elle entra en agonie et quitta cet exil entre onze heures et minuit, à l’âge de 59 ans.
Ces premières et si subites attaques du choléra avaient pu être cachées à nos élèves, toutefois elles obligèrent notre digne Mère à remettre ces chères enfants à leurs parents : ce ne fut pas sans peine qu’elles nous quittèrent, il fallut même, pour y déterminer plusieurs d’entre elles, leur dire secrètement notre peine. Leur départ fut pour nous un allègement ; il nous laissa la liberté de nous secourir mutuellement ; nous en avions grand besoin, car bientôt notre chambre des assemblées ne vit plus que quelques Sœurs réunies, celles qui restaient debout étant occupées à soigner les autres. Ces coups redoublés touchèrent si vivement le cœur de notre respectable Fondatrice qu’il fallut la saigner le jour de la mort de notre bien-aimée Sœur Thérèse Augustine.