Restauration du Monastère (1817)
Mort de notre Sœur Paul Amélie Gand
Ce 4ème triennal de notre bien chère Fondatrice devait être parsemé de lourdes croix. Tout l’hiver de 1831 nous avons eu des maladies graves ; plusieurs de nos Sœurs ont été administrées, et deux d’entre elles ont succombé. La première fut notre chère Sœur Paul Amélie Gand, dont la mort inspirée nous affecta sensiblement. Cette bien-aimée Sœur avait eu dès sa jeunesse le désir de se consacrer entièrement à Dieu dans un ordre cloîtré ; la malheureuse révolution lui en ayant enlevé les moyens, elle se dédommagea, par la pratique des vertus et par les bonnes œuvres de tout genre, de la privation qui lui était imposée.
Des jours plus sereins commençant à luire, et ne voyant pas le rétablissement des maisons cloîtrées, elle entra dans la maison dite de Ste Sophie, où son zèle ardent pour la gloire de Dieu n’eut point de bornes. Elle s’y adonna avec fruit à l’éducation de la jeunesse, dans laquelle elle eut de grands succès pour gagner les âmes à Dieu, ses élèves ne pouvant résister à son aimable et insinuante douceur.
Pendant qu’elle produisait ainsi des fruits de grâces, notre Monastère s’établit, et elle sentit renaître sa première vocation pour le cloître ; elle surmonta généreusement tous les obstacles et entra chez nous comme prétendante en 1819. Elle fit ses vœux en 1820 et fut, peu après, nommée première Maîtresse du pensionnat. Sa réputation nous attira beaucoup d’élèves, et contribua fort par ce moyen au bien de la maison.
Depuis quelque temps sa santé s’était notablement affaiblie ; avant la fête de notre St Fondateur, elle commença une neuvaine pour obtenir qu’il vînt la chercher ce jour là même. Elle tomba malade pendant cette neuvaine, et se disposa, par une confession générale, à paraître devant Dieu ; à la fin, se trouvant mieux, elle dit avec regret : « Je vois bien que notre St Fondateur ne m’a pas exaucée ». Il est fâcheux pour notre bien-aimée Sœur qu’elle soit entrée dans cette pensée : car l’idée de se mieux disposer fit qu’elle voulut qu’on lui retardât l’absolution, et cependant sa prière n’avait été que trop efficace. Le jour de St François de Sales, Monseigneur célébra, selon son ordinaire, la Messe de Communauté et accepta un modeste déjeuner.
À peine était-il sorti qu’on vint annoncer à notre digne Mère que notre chère malade était à l’extrémité. On courut aussitôt chercher Mr notre confesseur, qui la trouva rendant le dernier soupir. Dans ces courts moments, la Communauté était en prières, faisant des vœux pour que Dieu laissât le temps de le recevoir à celle qui avait mis tant de soin à y disposer ses élèves. Lorsque nous apprîmes sa mort, la consternation fut générale, nous étions loin de nous attendre à ce coup inopiné. La soumission à la volonté de Dieu et le souvenir des vertus de celle que nous pleurions purent seules adoucir l’amertume de notre sacrifice.