Restauration du Monastère (1817)
Notice sur Mr l’abbé Meunier (suite)
Sa mort fut l’écho de sa vie et une suite de zèle à empêcher le désordre : un soir qu’il se rendait dans un lieu écarté pour assister un malade, il fut assailli et chargé de coups par des malheureux dont il avait déjoué les mauvais desseins ; quoiqu’il les eût parfaitement reconnus, sa charité ne lui permit pas de les nommer. Il languit quelques temps, puis le mal prenant un caractère plus grave, une maladie de quinze jours le conduisit enfin au tombeau. Nous avons fait voir que Dieu avait toujours favorisé son fidèle serviteur, Il le fit encore en ce moment. Une des principales Sœurs de sa petite Congrégation était morte l’année précédente, et, connaissant ses désirs du ciel, elle lui avait dit : « Mon Père, si j’ai quelques pouvoirs auprès du bon Dieu, je viendrai vous chercher. » Deux jours avant sa mort, monsieur Meunier la vit et lui demanda si elle venait remplir sa promesse ; elle répondit : « Oui mais vous souffrirez encore un peu. » Il souffrit beaucoup dans ce court espace de temps, et fit le bout de l’an de cette chère Sœur, après avoir été muni de tous les secours de la Ste Église. Il n’était âgé que de 57 ans, mais chargé de mérites dont nous ne pouvons donner qu’une faible idée.
Cette perte fut un coup bien sensible pour la petite réunion, toutes les anciennes religieuses, qui en faisaient partie, étaient aussi passées à une vie meilleure, ces chères Sœurs se trouvaient réduites à six qui avaient fait des vœux simples, et deux prétendantes ou novices, l’une pour le chœur, l’autre pour le ménage, et une bonne Sœur converse Ursuline, qui jusqu’à sa mort servit de Tourière. Notre bien-aimée Sœur Marie de Chantal dit, en parlant de ce triste moment : « Je me trouvais seule sans secours, sans protection ; ceux qui pouvaient me soutenir étant contre moi. Je sentis vivement mon état, et je m’offris dès lors à Dieu pour faire et souffrir tout ce qu’il lui plairait de m’envoyer, et, au milieu de tous les orages, j’ai conservé cette disposition. »