Restauration du Monastère (1817)
Notice sur notre Sœur Marie de Chantal Hurlaux (suite)
Elle faisait presque tous les ans des maladies graves, qu’elle souffrait avec générosité et résignation ; mais ce fut surtout dans la dernière que nous fûmes à même d’apprécier ses vertus : elle la supporta avec une patience inaltérable, prenant les remèdes les plus dégoûtants sans témoigner la moindre répugnance. Sa soumission et son union à Dieu semblaient redoubler avec ses souffrances. A mesure qu’elle approchait de l’éternité, elle manifestait son détachement des créatures ; elle aimait beaucoup son Infirmière, qui avait été sa confidente intime avant l’arrivée de nos Mères. Comme celle-ci lui témoignait la crainte qu’elle avait de la perdre, elle lui répondit : « Ne m’amollissez pas, ma Sœur, il n’en est pas le temps ; je ne veux que Dieu seul. »
Ces sentiments n’empêchaient pas sa reconnaissance envers celles de nos Sœurs qui avaient le bonheur de lui rendre quelque service ; mais elle apprécia particulièrement les soins assidus et maternels que notre Très-Honorée Mère Marie Stanislas lui prodigua tout le temps de sa maladie. Trois jours avant sa mort, elle renouvela ses vœux et fit le sacrifice de sa vie avec une telle ardeur qu’on fût obligé de la modérer, craignant que le feu qu’elle y mettait n’augmentât son mal de poitrine. Depuis ce moment jusqu’à celui de sa mort, elle fut dans un colloque continuel avec Notre Seigneur et la Sainte Vierge, dont le tableau se trouvait vis-à-vis de son lit. Elle reçut avec ferveur les derniers Sacrements, et fit les actes prescrits en ce dernier passage avec beaucoup d’humilité.
Elle a conservé sa présence d’esprit et sa fermeté d’âme jusqu’à la fin. Le jour de sa mort vers 3h de l’après-midi, elle engagea son Infirmière à dire tous ses Offices ; « car plus tard, lui dit-elle, vous n’en aurez pas le temps ». En effet, à peine les eut-elle dit, que notre chère malade baissa sensiblement, et lui demanda le secours de Mr notre confesseur, qui arriva peu après, et lui réitéra les prières des agonisants, pendant lesquelles elle expira en présence de notre Très-Honorée Mère, et d’une partie de nos Sœurs. Aussitôt Mr notre Confesseur nous dit, en la regardant : Voilà la mort des justes.