Restauration du Monastère (1817)
Ressources de la réunion
Mr l’abbé Meunier déclara donner en toute propriété à cette Association sa maison située rue du Haut Poirier, ne se réservant que la jouissance de l’appartement qu’il occupait. L’habitation était d’une valeur de trente mille francs. Ce local fut reconnu convenable par Mr l’Abbé Dubois, Vicaire général, commis par Monseigneur Jauffret pour en faire la reconnaissance et en dresser le procès-verbal. Les moyens d’existence étaient la pension de 300 francs que payaient les personnes qui entraient, l’excédent du revenu de chacune d’elles, les offrandes pour l’enseignement, enfin les pensions de plusieurs dames en chambre, ce qui fit constater un revenu de cinq mille francs.
Il y fut constaté alors que les Sœurs s’étaient livrées depuis plusieurs années à l’instruction de la jeunesse, à la satisfaction de la ville, et l’on déclara que la raison pour laquelle aucune des autorités ne les avait jusques là présentées au gouvernement civil était que ce dernier n’avait encore pris aucun parti définitif à l’égard des établissements religieux.
L’autorisation d’établissement de cette maison, fut adressée par Mr de Vanblanc à Mgr Jauffret le 30 Juillet 1812. La Communauté était alors de neuf Sœurs, dont plusieurs anciennes étaient fort âgées et ne tardèrent pas à aller recevoir la récompense éternelle. Le 28 Avril 1816, elles perdirent le respectable Monsieur l’abbé Meunier, après l’avoir eu 21 ans pour soutien et pour directeur. Ce bon Père n’avait cessé de s’occuper de cette famille confiée à ses soins, et il avait témoigné souvent à ces bien-aimées Sœurs que son désir était qu’elles prissent pour commencer la fondation des religieuses qui ne fussent pas retournées dans le monde, espérant qu’elles seraient plus propres à établir dans leur communauté le vrai esprit de la Visitation. Mais avant d’entrer dans le détail de leur démarche, nous croyons devoir donner une courte notice sur ce digne Ecclésiastique.
Notice sur Mr l’abbé Meunier
Mr Nicolas Georges Meunier dut le jour à un médecin de Sancy, village de ce département (3). Dès son enfance il éprouva la protection de Marie : comme il ne pouvait marcher, sa pieuse mère fit un pèlerinage à Notre Dame de Luxembourg, et, à son retour, le graissa avec de l’huile de la lampe qui brûlait devant la Ste Vierge ; elle fit ensuite dire à l’enfant un Ave Maria après lequel il marcha sans difficulté.
Obligé, comme tous les bons Prêtres, de se cacher pendant la terrible révolution de 1793, il se trouva confiné dans un endroit où les souris abondaient tellement qu’elles mangeaient ses vêtements ; on y mit une image de St Nicolas, et dès lors les souris n’y parurent plus. Cependant c’était en vain qu’il cherchait les moyens de continuer à donner les secours de la Religion à ses compatriotes ; il apprit qu’il était gardé à vue, alors il crut de la prudence de s’éloigner et passa en Westphalie. Pendant son voyage, il se trouva tout-à-coup plongé dans une profonde tristesse, dont il ne comprenait pas la cause, il dit la Sainte Messe pour ses parents, priant Dieu de la leur appliquer selon leurs besoins : trois jours après il apprit la mort de Monsieur son père.
3 – Ce village appartient aujourd’hui au département de Meurthe et Moselle mais se situe à la frontière avec le département de Moselle.