Restauration du Monastère (1817)

Départ d’une Novice (suite).

Aussitôt qu’elle fut rentrée dans notre Monastère, elle voulut qu’on tirât les voix du chapitre, persuadée que son éloignement ne venait que de nos excellentes Mères, qui cependant avaient eu pour elle toutes les bontés et la condescendance possibles, et n’avaient agi qu’après avoir entendu les sentiments de la Communauté pour son renvoi.

Le dernier chapitre eut lieu selon la volonté de la novice, et elle fut unanimement refusée ; alors elle pleura beaucoup, se plaignit amèrement, redemanda jusqu’aux moindres choses qu’elle avait données à la maison, et même un très beau voile pour le Saint Sacrement, dont elle avait fait don à la Sacristie à l’époque de sa prise d’habit ; mais comme cet objet ne pouvait lui être d’aucune utilité, elle en réclama le prix. Quoique jamais la Communauté n’eût voulu faire l’achat d’un si riche ornement, à plus forte raison dans ce commencement où la pauvreté ne permettait que les dépenses absolument nécessaires, nos généreuses Mères souscrivirent, pour le bien de la paix, à lui en remettre le montant. Mais tout ce qu’elles purent faire pour cette personne ne fut pas apprécié : parents et amis prirent fait et cause, et nos dignes Mères eurent à essuyer les reproches les plus pénibles, les paroles les plus mortifiantes, ce qui se renouvela un très long temps pendant lequel on répandit contre elles une quantité de faussetés.

Pendant toute cette affaire, Monseigneur Besson avait été sacré Évêque de Metz. Avant son arrivée, il fut prévenu par les personnes affectionnées à cette demoiselle, et quoique sa première visite à la Communauté fût toute paternelle, il n’en fut pas de même lorsqu’il vit nos Mères en particulier.

Tant de peines, jointes à celle qu’éprouvait notre bonne Mère du poids de la charge, firent succomber son corps dans les violences qu’elle était obligée de se faire, elle fut attaquée d’une longue et dangereuse maladie, qui affligea nos cœurs et les tint longtemps dans l’inquiétude et la douleur d’être privées de sa présence ; enfin Dieu la rendit à nos vœux et à notre amour filial. Son union parfaite avec notre respectable fondatrice fut constamment le sujet de notre édification et de notre joie.