Restauration du Monastère (1817)
Providence divine pour nous conserver notre digne Mère.
Mais nous ne devions pas oublier que nous sommes établies sur le Mont de Calvaire et la santé de notre très chère Mère Marie Thérèse de Tholozan nous le rappelait sans cesse. Les infirmités qui l’avaient fait souffrir à Fribourg, et que les fatigues qu’elle prenait et les privations qu’elle s’imposait ne pouvaient qu’augmenter, prirent, à la fin de 1822, une nouvelle intensité qui nous causa de vives alarmes.
Nous eûmes recours au Prince Alexandre de Hohenlohe (5), qui voulut bien promettre ses prières et la Messe pour notre chère Mère, indiquant pour le 9ème jour le 17 janvier (1823). Le Révérend Père Potot dit la Sainte Messe tout le temps de cette dévotion, qui fut exaucée de manière à nous faire souvent admirer depuis l’ineffable bonté de Dieu, qui, en nous refusant ce que nous demandons, selon nos courtes vues, nous accorde ce que nous souhaitons en effet.
Loin d’éprouver un soulagement, la santé de notre Mère chérie alla toujours en empirant, et plusieurs fois dans le cours de cette année, nous craignîmes de la perdre : car des attaques de goutte la mettaient tout-à-coup à l’extrémité, ce qui nous tenait dans la crainte et un continuel recours à Dieu. Le Seigneur ne tarda pas à nous manifester ses desseins de miséricorde, dans cette conduite qui nous paraissait si rigoureuse.
On s’occupait alors de l’entier rétablissement de notre Monastère d’Annecy, et le mérite de notre digne Fondatrice ayant fait jeter les yeux sur elle, son Prélat ne crut pas devoir la refuser pour une œuvre si importante, ses deux triennaux devant finir en 1824 ; mais elle se trouvait dans un tel état, quand les ordres de Monseigneur de Genève arrivèrent, qu’il y avait tout à craindre pour sa vie si elle essayait seulement de se mettre en route. Néanmoins elle l’eût fait, pour obéir, si les deux médecins qui la soignaient, informés de cette affaire, n’eussent donné l’attestation qu’elle ne pouvait partir sans un péril évident de mort, cet écrit fut envoyé au Prélat qui retira son obédience.
5 – Alexandre de Hohenlohe (1794-1849) est issu de la haute noblesse germanique. Ordonné prêtre à Rome en 1815, il est nommé vicaire épiscopal de Bamberg en 1819. Ses prêches rencontrent un vif succès, et il a un don de guérison. Mais il est accusé d’être inféodé aux Jésuites, alors attaqués de toutes parts, et d’être un thaumaturge douteux. En 1822, le Pape Pie VII lui interdit alors de demeurer en Bavière et le prince s’exile à Vienne. Il est tout de suite nommé chanoine à Grosswardein, en Hongrie En 1844 Grégoire XVI le nomme évêque titulaire de Sardica. Il meurt à Vienne en 1848 après avoir dû fuir la révolution hongroise.