Restauration du Monastère (1817)
Première Réunion en 1800
Elles se trouvèrent enfin au nombre de 16 ; alors elles prirent un costume uniforme et portèrent un chapelet au côté, et sur la poitrine une croix de bois, qu’elles conservèrent toujours dans ces temps malheureux. Comme il ne leur était pas possible, à cette époque, d’embrasser un institut régulier, elles se prescrivirent en attendant un genre de vie fort austère, et récitèrent en commun le grand Office, auquel plusieurs étaient obligées par leur profession religieuse.
Peu après, Monseigneur le Cardinal de Montmorency, Évêque de Metz alors émigré, ayant envoyé secrètement Mr l’Abbé Meunier, respectable ecclésiastique du diocèse, pour soutenir ses ouailles, ces fidèles Épouses de Jésus-Christ le demandèrent pour les diriger. Son Éminence ne se contenta pas de le leur accorder, et d’approuver leur choix, elle fit recommander à ce digne Prêtre de soutenir et d’aider de tout son pouvoir cette réunion. Mr l’Abbé Meunier seconda parfaitement les vues de son premier Pasteur. On était alors en 1800. Pour se rendre utiles et se procurer des moyens de subsistance, ces âmes dévouées avaient ouvert des classes externes pour l’instruction des enfants. Leur respectable Directeur les encouragea dans cette entreprise, et l’on peut le regarder comme le fondateur de cette maison, ayant cédé la sienne à sa famille adoptive.
Cependant Monseigneur Bien-Aimé avait confirmé à Mr l’Abbé Meunier les autorisations données par Monseigneur le Cardinal de Montmorency, d’après lesquelles cette petite famille avait une forme de vie religieuse : elles possédaient une Chapelle où reposait le St Sacrement, et y jouissaient de tous les secours et offices du culte ; Monseigneur Jauffret (2) ne changea rien à ces dispositions. Après avoir été pendant six ans le Supérieur de cette Communauté, Mr l’abbé Meunier jugea plus à propos de lui donner une Supérieure choisie entre les sœurs : notre très honorée Sœur Marie de Chantal Hurlaux fut la 3ème et demeura douze ans dans cette charge.
Cet établissement fut d’abord sous la dénomination du Sacré Cœur, mais désirant appartenir à un Ordre approuvé de l’Église, ces chères Sœurs crurent trouver dans l’objet même de leur principale dévotion, un motif de préférence pour la congrégation où elle a pris naissance. Elles firent pour cela des démarches multipliées ; il était juste qu’un tel dévouement au divin Cœur de Jésus leur ouvrît l’entrée de la Visitation et couronnât leur persévérance ; mais elles devaient encore passer bien des épreuves.
Elles avaient appris que la respectable Mère Marie Régis de Montjoie avait obtenu, le premier Mai 1806, un décret autorisant le rétablissement de notre Ordre comme « Association charitable pour donner un asile aux personnes du sexe faible qui voulaient vivre ensemble dans la retraite, pour former les jeunes filles aux bonnes mœurs, aux vertus chrétiennes et aux devoirs de leur état ».
2 – Évêque de Metz de 1806 à 1823