Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Triennaux de Mère Anne Joseph Bonneau
Dans ces deux triennaux, le Seigneur exigea de notre soumission le sacrifice de cinq de nos Soeurs, dont les bonnes qualités et les solides vertus, méritaient notre estime et notre tendre affection. Ces peines furent adoucies par le succès favorable que le Seigneur daigna donner à une entreprise de notre Très Honorée Mère. Elle fit l’acquisition d’une petite maison joignant à notre Monastère, qui nous mettait dans un danger évident d’être incendiées, par des greniers à foin auxquels nos cellules étaient adossées. Nous avons eu le bonheur d’obtenir du Roi les Lettres-patentes nécessaires ; leur enregistrement au Parlement de Metz, et le consentement de Messieurs de l’Hôtel de Ville, nous ont été accordés par ces dignes magistrats, avec une bonté et des attentions qui méritent notre reconnaissance. Les raisons pressantes qui nous ont engagées à cette acquisition, et la nécessité de faire sur ce terrain des bâtiments utiles, nous ont obligées à contracter de nouvelles dettes.
Le rez-de-chaussée contient une petite cour, dans le fond de laquelle on a érigé un petit Autel, dédié à saint François de Paule. On a construit à côté de cette cour une petite cuisine pour les ouvrages qui dépendent de l’office de la Soeur Économe ; une dépense très commode, par sa proximité du réfectoire, pour la Soeur dépensière, et un cabinet de décharge pour la Réfectorière.
De l’autre côté de cette cour on a bâti deux bûchers ; l’un destiné pour le bois de la chambre des assemblées, et l’autre pour celui de la Boulangerie : au-dessus il y a de jolies chambres. Ensuite de cette cour, on entre dans une plus étroite. On a profité du seul côté capable de contenir des appartements pour y bâtir trois chambres et deux cabinets dans le bas ; au-dessus, le même nombre de chambres et de cabinet. Ce petit bâtiment est terminé par des greniers, pour la commodité des Dames et Demoiselles qui habitent ce quartier.
Nous reçûmes aussi une douce consolation à l’arrivée de nos chères Sœurs Louise Béatrice de Guementelle et Marie Charlotte de Viray, qui ont bien voulu déférer aux pressantes sollicitations de notre Très Honorée Mère, pour passer ici à leur retour de Vienne en Autriche. Nous ne nous étendrons pas à faire leur éloge ; car il est entier quand on a dit qu’elles ont su mériter l’estime et la bienveillance de l’illustre Impératrice Marie-Thérèse.
Notre chère Mère laissa la Communauté composée de 30 Professes du voile noir, six du blanc, trois Soeur Tourière, quatre filles de service, 18 demoiselles Pensionnaires.