Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Gêne qu’on eut pour le logement pendant la bâtisse.
Notre chère Mère fut obligée de loger la plus grande partie de la Communauté dans l’appartement de nos demoiselles Pensionnaires. La salle du premier étage nous servait de dortoir, de chambre d’assemblée, de chapitre, et souvent même de chœur, de sorte que celles de nos Soeurs qui, par indisposition, étaient dispensées de se lever au réveil, entendaient lire le point d’oraison dans leurs lits. Les autres couchaient dans les Oratoires du jardin et dans les Parloirs intérieurs ; et lorsque les confesseurs venaient le matin, dans le temps de nos retraites, exercer un ministère qui n’admet point de tiers dans la compagnie, il fallait se lever en diligence pour céder la place. L’esprit de ferveur et de recueillement dans ces saints jours de solitude, n’a rien souffert de la disette du logement : les rangs n’étaient que de quatre ; deux faisaient leurs exercices dans un grenier séparé par une couche de blé ; la troisième sur le jubé de l’église, et la dernière sur l’escalier. On avait séparé la nef du choeur par une paroi de planches, au milieu duquel il y avait une grille pour recevoir la Sainte Communion ; la Messe se célébrait à un Autel que l’on avait dressé dans la nef contre cette paroi. Lorsque les ouvrages le permettaient, nous chantions nos offices dans le chœur, y entrant par une porte que l’on avait pratiquée à l’endroit de la petite grille qui sépare la sacristie extérieure de l’intérieure. Pour les repas, il fallait se rendre au bout du jardin, où l’on avait pratiqué une baraque de vieilles planches, avec des séparations pour le réfectoire, la cuisine et la dépense. Cet édifice si combustible et souvent entouré d’ételles (9), nous a donné sujet de rendre bien des actions de grâce au Seigneur, qui n’a pas permis qu’il fut réduit en cendres : c’est à sa Divine bonté que nous sommes redevables d’être enfin logées aussi proprement et commodément, que l’inégalité de notre terrain a pu le permettre. Lors de la bénédiction de cette maison, nous avons offert à Dieu les voeux les plus ardents, pour qu’elle soit toujours la sienne, et qu’il règne parfaitement dans tous les coeurs de celles qui seront admises.
Nous n’avons pas fait de moins vives et moins sincères supplications à la Divine Majesté, pour qu’elle soit elle-même la récompense des cordiales bontés et charités que nous avons reçues de nos chers Monastères spécialement des premier et second de Paris, de ceux de Strasbourg, Nancy, Pont-à-Mousson et Amberg (10), dont les bienfaits exciteront toujours notre reconnaissance.
9 NDT : D’écorces
10 NDT : En Bavière