Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Ouverture de la fête.
Le lundi quatre du mois de septembre, l’ouverture de la fête se fit à trois heures après-midi. Monsieur l’Abbé Raveaux, Pro-Vicaire et Promoteur Général du diocèse de Metz, se rendit dans l’église de la Visitation à la tête du Séminaire de Saint-Simon, composé de 60 séminaristes, qui vinrent en procession. Monsieur le Promoteur monta en chaire, où il fit un discours relatif à la cérémonie, avec une éloquence et une érudition que l’on remarque dans tous ses discours ; il releva beaucoup les sentiments de distinction et d’estime, dont le Prélat honore la Maison de la Visitation. Il lut ensuite le bref de notre Saint-Père le Pape, pour la Béatification de la Bienheureuse Mère de Chantal, à la fin duquel il entonna le Te Deum, qui fut poursuivi par le chœur, et accompagné d’une très belle symphonie et d’une décharge de 100 boîtes. Ensuite on chanta Vêpres, suivies de la Bénédiction, et d’une seconde décharge de boîtes. Le salut fut très solennel.
Le mardi, premier jour de la fête, Messieurs les Chanoines du Chapitre de la Cathédrale, et de la Collégiale de Saint Thiébault, vinrent en procession. Ces Messieurs se placèrent avec beaucoup d’ordre dans le choeur, pendant que Monsieur le Princier se prépara pour célébrer la Sainte Messe. La Messe fut chantée en musique, accompagnée d’une très belle symphonie, qui toujours servit d’orgue aux grand-Messes, et à tous les offices des trois jours, ensuite on se retira processionnellement. L’après-midi, Messieurs les Curés de la ville, accompagnés du clergé de leur paroisse, se rendirent dans cette église pour chanter Vêpres ; le panégyrique de la Bienheureuse de Chantal fut prononcé par Monsieur Martin, Chanoine Régulier de Saint-Antoine, qui fit l’admiration de tous les assistants par la force et la beauté de son discours, la pièce fut trouvée parfaite, ensuite le Salut et la Bénédiction.
Le mercredi, second jour de la fête, Messieurs les Curés vinrent en corps chanter la Grand’messe et les Vêpres, le panégyrique fut prononcé par un Révérend Père Minime, qui satisfit son nombreux et respectable auditoire. Le Salut termina la journée.
Le jeudi, dernier jour de la fête, Messieurs les Chanoines Réguliers de Saint-Antoine, desservant l’église de la Visitation depuis un grand nombre d’années, officièrent à la Messe et aux Vêpres. Le Révérend Père Valentin, Capucins, fit le panégyrique, qui fut fort approuvé. Après le Salut et la Bénédiction, la fête fut terminée par le Te Deum ; il fut accompagné de la musique, et suivi d’une décharge de boites que l’on avait placées dans le jardin. Le concours a été fort grand à cette fête, et le nombre des communiants très considérable ; le peuple accourait de toutes parts pour satisfaire sa dévotion. Tout le monde a paru content de la manière dont tous les offices ont été chantés, ainsi que des instruments et de la symphonie. Le même jour les Dames Religieuses firent faire une très belle illumination en dehors de la rue. Une quantité de lampions, placés sur toutes les faces de la Maison, et le mur de la porte d’entrée, produisaient un agréable coup d’oeil par leur charmante distribution, qui attira une foule de spectateurs. Les trois Régiments de la garnison firent jusqu’à dix heures une agréable musique, qui fut suivie de deux décharges de boîtes.
La Communauté animée de zèle pour l’exaltation de la Bienheureuse Mère de Chantal, qui donne un nouveau lustre à tout l’Ordre de la Visitation, par les honneurs du culte public que lui a décerné le Souverain Pontife Benoît XIV, s’est efforcée de rendre cette fête aussi brillante qu’il lui a été possible. Ces dignes Religieuses, imitatrices des vertus du grand Saint François de Sales, et de leur Bienheureuse Fondatrice, ne pouvaient assez marquer leur joie de ce que leurs vœux étaient exaucés, et leurs espérances remplies, par la manifestation des vertus héroïques de la sainteté de leur Bienheureuse Mère. Leur consolation a été redoublée, envoyant l’unanimité des voeux de tout le monde chrétien, qui désirait depuis si longtemps cette exaltation, et l’heureux jour auquel le Vicaire de Jésus-Christ, ce Pape si éclairé, a prononcé, et lui a décerné le culte public solennellement à Rome, le 21 novembre de l’année 1751 par la Basilique du Prince des Apôtres. Les fidèles venaient en foule vénérer la Relique de la Bienheureuse ; on n’y voyait une quantité d’infirmes, qui venaient implorer son intercession auprès de Dieu pour leur guérison.
Heureux jours de joie pour tous les chrétiens dit l’auteur en terminant, si cette Bienheureuse pouvait obtenir auprès du Père des miséricordes, de dessiller les yeux de tous les Luthériens qui sont dans cette grande ville, et de les ramener au sein de la véritable Eglise.
Si la solennité dont il vient d’être parlé, eut répondu à l’ardeur de notre vénération pour notre Bienheureuse Mère, elle eut égalé tout le brillant des magnifiques relations que nous recevions de nos chers Monastères ; mais quelque ardent que fut notre zèle il dut céder à la modicité de notre temporelle. Nous n’eussions même pas été en état de fournir à la dépense que nous avons faite, sans les bontés de notre illustre Prélat, qui non content de nous faire ressentir la générosité de son cœur, nous faisait aussi éprouver sa puissante protection à la cour, et montrait son estime pour notre Très Honorée Mère dans les occasions ; en voici un trait qui fait l’éloge de tout deux.