Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Élection de la Mère Anne Joseph Bonneau 1748.
L’année 1748, nos suffrages mirent à notre tête notre Très Honorée Mère Anne Joseph Bonneau, qui eut la douleur de perdre nos deux respectables Déposées. La dernière qui alla recueillir le fruit de ses travaux fut notre Très Honorée Mère Françoise Thérèse Jeanot. Elle avait ardemment désiré ne jamais reprendre la charge de Supérieure ; ses vues en cela étaient bien différentes des nôtres ; mais le Seigneur exauça ses voeux à notre grand regret.
Mort de la Soeur Déposée Françoise Thérèse Jeanot
Quelques jours avant notre élection, nous eûmes la douleur de la voir atteinte d’une maladie dont il n’y avait pas d’espoir qu’elle pût se rétablir : une fièvre continue et un squire (8) au foie ne nous annonçant que trop que nous ne pourrions la conserver longtemps. Elle fut alors hors d’état de quitter l’infirmerie, où elle soutint avec patience et soumission à la volonté de Dieu, les ennuis et les dégoûts inséparables d’une aussi longue maladie. Trois jours avant sa mort elle se plaignit d’un point de côté, dont elle fut soulagée par une saignée. Les deux jours suivants elle nous parut fort accablée, l’oppression de poitrine, augmentant considérablement, nous fit connaître le pressant danger où elle était, nous lui proposâmes de lui faire recevoir les sacrements. Elle répondit qu’elle ne se croyait pas assez mal, mais qu’elle se rendrait à ce que notre Très Honorée Mère souhaitait, par devoir et par inclination. Monsieur notre Confesseur les lui administra à cinq heures et demie du soir ; notre chère mourante profita de la parfaite présence d’esprit dont elle jouissait, pour s’acquitter de ces derniers devoirs de piété avec les sentiments d’une foi vive et d’une fervente dévotion, marquant son affection à la régularité par son exactitude aux moindres cérémonies marquées pour cette circonstance. Après Matines, elle pria instamment notre Très Honorée Mère de se retirer, lui promettant de la faire avertir si elle se trouvait plus mal. À minuit elle dit à celles de nos Soeurs qui la veillaient, qu’elle entrait en agonie et désirait parler à notre chère Mère qui s’y rendit à l’instant. Alors cette chère mourante lui dit : « ma Mère, voici mes derniers moments » ; comme notre digne supérieur lui demanda si elle n’avait rien qui lui fit de la peine, elle répondit qu’elle n’en avait point de quitter la vie ; que son unique regret était ses négligences au service du Seigneur. Elle s’unit, avec un air pénétré de la plus fervente piété, aux actes d’humilité, de contrition et d’amour qui lui furent suggérés ; son attrait pour les versets des Psaumes fit commencer le premier des Psaumes de la pénitence, elle expira au troisième verset avec tant de tranquillité, qu’on crut y voir une image de la paix de sa belle âme. Ce fut le 5 novembre, de l’année 1750, que nous eûmes la douleur de perdre cette Très Honorée Soeur ; elle était âgée de 69 ans, et en avait 52 de profession au rang des Soeurs associées.
8 NDT Maladie du genre cancer