Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Élection de la Mère Barbe Éléonore Guichard 1742.
L’année 1742 nous fîmes élection de notre Très Honorée Mère Barbe Éléonore Guichard, qui s’était acquis nos suffrages par les grands exemples de régularité qu’elle n’avait cessé de nous donner, exprimant parfaitement dans ses actions les maximes de nos Saints Fondateurs dont elle était pénétrée. La première année, le Seigneur mit sa constance et la nôtre à l’épreuve, par les maladies dont il infligea notre Communauté : nous nous trouvâmes avoir, en même temps dix de nos heures attaquées de maladies très dangereuses, et presque le même nombre dans une convalescence qui différait peu de l’état des malades. La mauvaise santé de celles qui suivaient les exercices réguliers obligea de dire tout l’Office sur le ton de Matines, et de prendre des personnes séculières pour veiller les malades. Nous avons éprouvé en cette occasion de la part de nos Très Honorée Sœurs de Strasbourg et de Nancy tous les secours que peut suggérer la plus tendre et la plus sincère charité. Cette vertu régnait non seulement dans ces bien-aimées Sœurs, mais encore dans celles qu’elles formaient à la vertu. Elle parut avec éclat dans Mademoiselle de Rosen, nièce de Madame la Comtesse de Rottembourg, leur illustre élève ; dès qu’elle apprit la triste situation de notre Communauté, elle ne se contenta pas de nous envoyer de l’argent, qu’elle pria instamment de prendre sur ce qui était destiné à ses menus plaisirs, elle s’offrit encore elle-même pour montrer les ouvrages à nos Pensionnaires, et nous aider à chanter l’office. Sans accepter ces offres, nous fûmes remplies de reconnaissance pour les témoignages de bonté de notre jeune Bienfaitrice, et liées toujours plus étroitement à la digne Communauté qui lui inspirait de pareils sentiments. Les Très Honorées Mères de Paris, surtout celles du premier Monastère, semblaient vouloir en toute occasion augmenter l’impuissance où nous étions, depuis plus de 50 ans de leur témoigner notre parfaite gratitude.
L’année 1743, d’après l’avis que nous avons reçue du respectable chef de notre sainte source, Messieurs de Saint-Antoine voulurent bien chanter, le jour de la Visitation, le Te Deum dans notre église, en action de grâces du Décret rendu par le Souverain Pontife sur les vertus héroïques de notre Sainte Mère de Chantal. Notre très Honorée Mère désireuse de se procurer la gloire du Seigneur, mettait son application à le faire régner uniquement dans les âmes confiées à ses soins. L’expérience qu’elle avait de la diversité des voix intérieures, lui en faisait résoudre facilement les difficultés, et adoucir les rigueurs par l’onction de ces ferventes exhortations. Les Saintes Écritures et les écrits de nos Saints fondateurs, dont elle faisait sa nourriture spirituelle, était l’âme de ses discours publics et particuliers. Mais si son zèle l’attachait principalement à notre avancement spirituel, elle ne négligeait pas notre temporel sur lequel elle veillait avec une grande attention.