Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Conversion d’une demoiselle hérétique, et sa vocation.
Le divin Pasteur amena dans ce petit bercail une jeune et belle demoiselle huguenote, qui ayant reconnu les erreurs de sa secte eut recours à Monsieur le Gouverneur ; celui-ci la mit en dépôt chez nos Soeurs et elle fit son abjuration dans leur église. Madame sa Mère, pensant la gagner, la tira par violence du Monastère et la tint longtemps chez elle, où la constance de la jeune personne la fit entrer dans une extrême colère ; après avoir juré qu’elle la déshériterait, et lui ôta ses habits pour l’enfermer comme une criminelle. Alors, la fervente néophyte, voyant à quels dangers sa foi allait être exposée, renonça aux bienséances du monde, et quoiqu’elle n’eût plus sur son corps que la chemise, et une petite chemisette qui la couvrait à moitié, elle gagna habilement la porte, et courut à perdre haleine jusque chez nos Sœurs, qui lui ouvrirent à l’instant leur porte ; car si l’on eût tardé l’espace d’un demi Ave Maria, elle était prise par ceux qui la poursuivaient, les uns à pied les autres à cheval. Mais le Seigneur qui ne voulait point que cette pure colombe fut la proie de ses ennemis, lui avait donné dans sa fuite la légèreté d’un cerf, afin qu’elle pût chanter à jamais : « Béni soit le Seigneur, qui ne m’a point livré entre leurs dents, mon âme est échappé comme le passereau des lacets des chasseurs ». Les hérétiques pensèrent faire feu et flammes contre le Monastère, mais tout alla en fumée, et par autorité de personnes puissantes, on leur fit payer malgré eux la dot de cette chère Soeur, qui vécut joyeusement et saintement dans sa vocation.