Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Élection de la Mère Claude Catherine de Blampignon 1712.
La joie de cette année fut suivie de bien des peines ; mais pour éviter les redites nous en parlerons de suite, après avoir dit ce qui concerne notre Très Honorée Mère Claude Catherine de Blampignon, qui fut élue de nouveau en 1712. Dès lors il semble que Dieu la disposait à recevoir la couronne qu’elle s’était acquise par sa constance à pratiquer les vertus d’une manière héroïque, surtout la charité, l’humilité et un entier abandon aux ordres de la Divine Providence, même parmi les disgrâces et les contretemps dont elle fut assaillie extraordinairement dès le commencement de ce dernier triennal de sa vie. Elle vit tout à coup un si grand dérangement dans toute sa famille, et dans le temporel du Monastère, qu’elle se vit réduite à ce point de désolation que tout manquait, même le nécessaire. Dieu seul, à qui rien n’est caché, connut alors ce qui se passait dans le secret de son coeur ; nous la vîmes s’offrir tout avec une patience admirable, sans murmure, sans plainte, sans abattement, avec un air toujours égal, une tranquillité et une présence d’esprit imperturbables. Toujours on la trouvait attentive à bien ménager le peu qui restait, et prudente à procurer du dehors quelques secours. C’était dans le secret qu’elle répandait devant Dieu ses gémissements, et verser des torrents de larmes. Combien de fois, pénétrée de tendresse maternelle pour ses chères filles, n’a-t-elle pas dit à Dieu : frappez, Seigneur ; frappez cette criminelle, cette coupable, et épargnez vos fidèles servantes qui sont innocentes !
Telles furent les dispositions du coeur de notre Très Honorée Mère dans toutes les afflictions qu’il plût à Dieu de lui envoyer ; elle n’en pouvait avoir d’autres ; car, instruite dans la science des saintes, elle savait que les souffrances sont la véritable clé qui ouvre le ciel ; qu’on ne peut y entrer qu’en portant sa Croix à la suite du Sauveur, et que les tribulations sont ordinairement la fournaise dans laquelle Dieu éprouve et purifie ses plus chères épouses pour les rendre dignes de la couronne qu’il leur a préparée.