Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Élections de 1703 et 1706
En 1703, notre Très Honorée Mère Claude Catherine de Blampignon succéda de nouveau à notre chère Mère Jeanne Marie de Foigny, à qui elle remit la charge en 1706, après un triennal qui fut à peu près semblable au précédent.
NOTE : Cette fondation était terminée quand nous avons recouvré quelques détails sur les événements de cette Supériorité ; nous laissons parler la Mère Claude Catherine de Blampignon :.
« Outre la pauvreté où nous sommes réduites depuis longtemps, le Seigneur a encore appesanti sa main sur nous le jour de Saint-Nicolas à deux heures après minuit, par l’incendie de notre chambre de Communauté. Quelque diligence que nous ayons apportée notre perte a été très considérable, vu tous les effets qu’elle renfermait. Une des armoires contenait la plus grande partie des provisions de notre pharmacie, et une autre une partie de nos papiers : le tout a été consumé. Notre bibliothèque, contiguë à cet appartement, a beaucoup souffert, ainsi que la lingerie. Nous serions réduites à l’aumône par cet accident, par la cherté des vivres, les taxes et les impôts, sans le secours de la plupart de nos Communautés, qui se privent de leur nécessaire pour empêcher la ruine de notre Maison, que nous ne pourrons éviter sans un coup tout particulier de la Providence. Que ne devons-nous pas à la digne Supérieure de Caen, la Très Honorée Mère Marie-Françoise de Harcourt, et à sa digne Déposée, qui se sont distinguées par les aumônes considérables quelles nous ont faites et procurées, s’étant bien voulu dépouiller en notre faveur de la somme de 1000 livres, que l’illustre famille de nos Très Honorées Soeurs de la Luzerne Bricqueville, nous avait donnée pour faire un retable d’Autel, ces chères Sœurs et toute la Communauté ayant bien voulu y consentir ce secours nous vint si à propos, pour arrêter les poursuites d’un créancier qui allait nous jeter dans la confusion, que nous n’y pouvons faire réflexion sans en rendre de grandes actions de grâces au Seigneur, et sans éprouver cette vive reconnaissance qui ne finira qu’avec nos vies. Cette charitable Communauté continue de nous donner tous les ans deux cents vingt livres pour l’entretien de deux de nos Soeurs. Nous devons aussi une vive gratitude à nos Très Honorées Soeurs de la rue Saint-Antoine, du faubourg Saint-Jacques et de Chaillot, qui nous continuent leurs aumônes depuis près de 40 ans, nous donnons des marques de leur affection en toute rencontre. Nous pouvons en dire autant de la Très Honorée Mère Louise Henriette de Soudeiller, Supérieure de notre Monastère de Moulins qui nous donna une preuve sensible de sa charité, en se chargeant de notre chère Soeur Madelaine Alexis Jobart, qui est fort infirme, et à laquelle elle fait éprouver sa bonté toute maternelle..
Nous éprouvons aussi la protection toute particulière de Mgr de Coislin, notre illustre Prélat, qui dans toutes les occasions, nous tient lieu de Père, et partage nos peines comme si elles lui étaient propres. Il n’entend pas même que nous implorions son secours dans nos pressants besoins, il suffit qu’il les connaisse pour nous soulager ; ayant appris que nous manquions de blé, et d’argent pour en acheter, il nous en envoya aussitôt 40 quartes, et paya même tous les frais de transport. Sa Grandeur paye tous les ans notre capitation, et dit ouvertement aux Messieurs de ville, que les taxes qu’ils nous imposent le concernent ; il nous a encore donné depuis notre incendie 500 livres ; nous n’en finirions pas si nous voulions entrer dans le détail de ses bontés, et de celles de M. de Saint Contest, notre intendant, qui nous honore de sa protection ; tous deux méritent notre parfaite gratitude. Dans l’espace de 18 mois, nous avons eu la douleur de perdre quatre de nos Soeurs, dont la plus âgée n’avait que 43 ans.
Le rare mérite de notre Très Honorée Mère Jeanne Marie, et la longue et douce expérience que nous avions faite de son gouvernement, nous portait à nous remettre avec empressement sous sa conduite, n’y admettant que l’intervalle que nous prescrivent nos saintes lois. Les misères de l’année 1709 (6) vinrent cette fois augmenter les peines de son bon cœur, qui eut toujours dans les Monastères que nous avons cités, et dans quelques autres, une consolation et un secours pour soutenir notre pauvre Communauté. Elle éprouva aussi la bienveillance de notre digne Prélat qui, prévenu en notre faveur, nous en donnait des preuves efficaces en toute occasion. Les charités de ce bon Pasteur ne se bornaient pas à notre Maison, il en faisait ressentir la douce influence à Tout le pauvre peuple de cette Province, sur lequel il répandait en public et en secret d’abondantes aumônes.»
6 NDT : C’est l’année du grand hiver où il fit -27°C pendant plusieurs semaines, ce qui rendit la Lorraine et l’ensemble de la France un désert sans ressource.