Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle
Description d’un tableau de notre St Fondateur.
Le haut de l’Autel, qui attendait une figure de marbre, était occupé d’un beau tableau médiocre du Saint environné d’Anges et de flambeaux d’argent, et les corniches aux environs du dôme, était toutes chargées de paniers et bouquets de fleurs, de flambeaux d’argent et de quantité de très beaux tableaux. La face du grand Autel était remplie d’une très riche et magnifique table d’Autel, partie des mains d’un excellent peintre de Paris ; elle représente Saint François de Sales à genoux, revêtu de la chape, offrant les Règles et Constitutions de son Ordre à la Sainte Vierge, qui lui apparaît assise sur une belle nuée, tenant son cher Fils debout sur ses genoux et tendant la main pour recevoir le présent du Saint Fondateur. Un Autel paraît entre deux, et trois Anges sont devant lui, deux desquels tiennent sa mitre, et l’autre sa crosse. Il y a derrière un autre petit Ange qui le tire par la chape, et lui présente une branche de grenades fleuries qui sont l’emblème de sa charité. Au-dessus de la tête du Saint est un autre Ange qui tient un globe enflammé, et un peu à côté, devant Notre-Dame, encore un Ange qui vient le couronner et lui offrir une branche de lys symbole de sa chasteté. Cette table d’Autel, de neuf pieds de hauteur et de six de largeur, est enrichie d’une bordure parfaitement belle : elle est large de 12 pouces, relevée en bosse de quatre pouces, par une grosse tige qui règne tout autour dans le milieu du cadre, étant toute couverte et parsemée de roses et de feuilles de chêne liées ensemble. Le reste du cadre est aussi ouvragé de feuillages et cordelleries, le tout si parfaitement bien doré, d’or de ducat, que l’on admire autant la dorure que l’ouvrage : en un mot c’est le plus beau qu’on ait encore vu dans le pays. Au pied est placé le Tabernacle, haut d’environ cinq pieds, tenant presque toute la largeur de l’Autel ; il est façonné et couvert de petites têtes de Chérubins, de roses, de fleurs, de festons, de fruits, relevés en bosse, dorés comme le cadre, par le soin et l’adresse des Religieuses, qui ont aussi fait toute la dorure de l’église. Le Tabernacle supportait le trône où reposait le très Saint-Sacrement. Il était d’argent, haut d’environ deux pieds, travaillé à jour et parfaitement ciselé ; quatre piliers ciselés soutenaient une forme de dôme ou couronne faite à l’impériale, fermée par trois fleurs de lys, et bornée d’une petite pomme percée d’une Croix. Le fonds de ce trône était ciselé comme le reste et travaillé à jour ; tout au fond était une glace qui faisait un très bel effet ; enfin il était orné de fleurs de lys et d’autres jolis ouvrages qui le faisaient admirer. L’ostensoir était d’une hauteur plus qu’ordinaire, tout parsemé de pierreries, qui éclataient sur l’or dont il était couvert ; il jetait un grand nombre de rayons qui portaient quantité de pierres précieuses, dont il recevait un brillant merveilleux. C’est une pièce dont la beauté, l’éclat et la rareté attiraient tous les yeux, qui de l’admiration portaient tous les cœurs au respect et à l’adoration pour le Sacrement d’Amour qu’il renfermait entre deux cristaux garnis de perles fines. C’est ce qui a paru de plus magnifique, et ce qu’on a le plus admiré en cette solennité, pour laquelle il avait été fait spécialement.
L’Autel était chargé et le tabernacle entouré d’une infinité de très beaux vases d’argent de toutes grandeurs, remplis de fleurs naturelles et artificielles. Il y avait aussi grand nombre de chandeliers d’argent, dont le lustre et la lumière confusément mêlés à l’éclat et à la lueur du grand tableau et du tabernacle, faisait paraître l’Autel tout en feu, de sorte que Saint François de Sales paraissait être au milieu de ces feux célestes dont il fut autrefois miraculeusement environné. Deux grands lustres, avec leur cadre de vermeil, leurs pendants d’argent, de rubans et garnitures, remplissaient majestueusement la face des deux piédestaux, des colonnes plus voisines de part et d’autre du Tabernacle, où ils paraissaient dans l’éclat d’une grande beauté, comme des monuments riches et estimés de la bienveillance de Monseigneur notre Évêque, qui en avait fait présent. Quantité de petits cadres extrêmement beaux, faisait l’ornement des degrés du Tabernacle. Les Autels des chapelles n’étaient pas moins richement ornés, et il faut mesurer la magnificence de leur décoration à celle du maître-Autel, pour la proportion qui y était ; des chandeliers d’argent, des vases et des tableaux, environnaient fort régulièrement de petits reliquaires pleins de Reliques précieuses de Saint François de Sales, Qu’on voyait exposer sur des trônes tout bordés de fleurs, qui s’élevaient jusqu’au pied des tableaux du retable et servaient de Tabernacle.
Il serait trop long d’entreprendre le détail de toutes les pièces rares dont ils étaient ornés ; on peut s’en former une idée en sachant que rien ne manquait à leur décoration. J’ajouterai cependant que cinq grosses lampes d’argent, parfaitement bien travaillées, dont deux éclairaient les petits Autels, et les trois autres pendaient devant le sanctuaire de l’extrémité du dôme qui borne la voûte, faisaient une espèce d’ovale, fort bien proportionné, qui semblait couronner tout le magnifique appareil du sanctuaire. Je n’ose non plus passer sous silence une infinité de belles plaques, et de bénitiers d’argent, qui entouraient, avec plus de profusion que de confusion, les Autels et l’église.
Quoique les Autels ne manquassent pas de beaux et riches ornements de toutes couleurs pour les jours solennels, on n’en fit néanmoins de plus magnifique pour la solennité, et chaque jour de l’Octave on en vit de nouveaux qui, enchérissant l’un sur l’autre, frappaient d’étonnement ceux qui les considéraient, et faisaient admirer l’adresse et l’habilité des Religieuses, qui s’étaient appliquées à ce pieux ouvrage.
Après avoir dépeint l’appareil de la fête il est temps d’en rapporter la pompe et les cérémonies. Le premier mai, dimanche du bon Pasteur, fut choisi pour cette fête, afin de se conformer au temps où cette canonisation avait été célébrée à Rome, et en plusieurs Monastères de l’Institut.